Linux : Logiciel Libre, Open Source… ou F(L)OSS

Définissons ce qu’est d’abord :

  • un Logiciel Libre,
  • un Logiciel “Open Source”,
  • un FLOSS, ou FOSS

Logiciel Libre

Qu’est donc un Logiciel Libre ?

Laissons donc parler la FSF, quant aux critères qu’elle a défini.

En français, un “Logiciel Libre” signifie que les utilisateurs ont les libertés suivantes : utiliser, copier, étudier, changer/modifier, et améliorer ledit logiciel.

La maîtrise est juridique, et concerne l’usage, et non pas l’aspect financier !

Cette maîtrise juridique garantie 4 libertés fondamentales, et essentielles :

  • Liberté 0 : l’usage du logiciel
  • Liberté 1 : l’étude et la modification du programme - il faut pouvoir accéder au code source.
  • Liberté 2 : la redistribution de copie à un tiers… (vos proches, votre voisin, un ami, etc…)
  • Liberté 3 : la distribution de copies de versions modifiées - l’accès au code source est aussi nécessaire que la Liberté 1.

Soit l’utilisateur a la garantie de toutes ces 4 libertés, soit il ne l’a pas… de fait, s’il ne l’a pas, il n’est pas possible de définir un tel logiciel comme étant un Logiciel Libre : c’est LE point juridique, essentiel et catégorique - un sine qua none !

Le facteur financier n’entre aucunément en ligne de compte ; cela peut-être gratuit… cela peut-être payant !

Et, tant pis, pour les grincheux… qui n’auraient pas compris les enjeux !

“Logiciel Libre” ne signifie pas “Non Commercial”.

Si vous voulez du “Non Commercial” à tout prix, dirigez-vous vers certaines licences Creative Commons, par exemple… ou du gratuiciel, mais ceux-ci ne seront JAMAIS du Logiciel Libre ! (discutez de ces licences n’est en aucun cas le propos de telles licences)

Les Licences Libres, licences juridiques, valables et valides devant la Loi, existent depuis… 1989 pour la GNU/GPL, 1991 pour la GNU/LGPL… même si le concept existe depuis… 1983 !

Il faut bien comprendre et assimiler que derrière cette notion juridique, il se dégage très fortement une notion humaine très importante : l'Éthique… à savoir l’attachement à des valeurs fortes, qui par un acte, l’acte “Copyleft” (en français : “Gauche d’Auteur”, en comparaison et contradiction au Copyright - Attention l’acte Copyleft ne renie pas les droits moraux de l’auteur, il définit les usages), transcende la responsabilité juridique :

  • La finalité est le don : un “Savoir-Être”…
  • le juridique : un “Faire-valoir”…
  • le logiciel : un moyen, un “Savoir-Faire” !

Par exemple, les logiciels libres sous Licence GNU/GPL, GNU/LGPL et GNU/FDL et la GNU AGPL - GNU Affero GPL v 1.3 - sont des actes “Copyleft”, mais aussi le fait de déposer dans le domaine public est un acte “Copyleft”.


Voilà pour le point de vue de la FSF, il existe d’autres licences juridiques de Logiciel Libre :

  • Certaines sont pleinement compatibles avec la GNU/GPL, et jugées comme étant des actes “Copylefts”, d’autres tout en étant compatibles avec la GNU/GPL ne sont pas des actes “Copylefts”.
  • Certaines licences libres sont totalement incompatibles avec la GNU/GPL, cela n’enlève pas le fait que les logiciels sous ces licences sont bien des logiciels libres.
  • Idem pour la documentation qui peut être sous Licence Libre, avec ou sans commis “Copyleft”, ainsi que pour d’autres types d’œuvres.

Open Source

Mais qu’est-ce qu’un Logiciel “Open Source” (en Français, à “Code Ouvert” !) ?

Cette fois-ci, c’est l'OSI qui répondra de ces critères définissant ledit programme en tant qu’Open Source :

  • la Libre Redistribution - l’aspect financier importe peu
  • l’accès obligatoire au Code Source
  • la permission de modifier le programme, avec l’obligation de distribuer selon les mêmes termes juridiques
  • l’intégrité de l’Auteur du Code Source - en Français, on parlerait de Respect des droits moraux de l’auteur sur son œuvre
  • aucune discrimination de personnes ou de groupes
  • aucune discrimination du champ des efforts engagés
  • la distribution de la licence : les droits juridiques attachés s’appliquent à tout le logiciel dans son ensemble.
  • la licence n’est pas spécifique à un produit
  • la licence ne doit pas restreindre un autre logiciel… les autres, ce n’est pas son problème !
  • la licence doit être neutre d’un point de vue technologique.

Soit l’utilisateur a la garantie de toutes ces libertés, soit il ne l’a pas. C’est aussi catégorique, et essentiel, que ce qui fait qu’un programme est un Logiciel Libre, selon la FSF, ou ne l’est pas.

Cette définition juridique du logiciel existe depuis février 1998 !

Un peu d’Histoire

Mais, où Linux se situe-t-il dans tout cela ?!

Le projet GNU, dans son ensemble, a démarré en… 1984.
Le projet Linux est né en 1991… et a été “libéré” en… 1992, pour être inclut, incorporé au projet GNU, créant ainsi les prémices des distributions GNU/Linux.

De fait, Linux est avant tout, depuis 1992, un : Logiciel Libre - c’est vraiment un acte Copyleft !

L’OSI, née fin des années 1990, publie sa première liste de licences approuvées, dont font partie les deux fameuses licences GNU que sont la GPL et la LGPL.

Pour l’à-propos, cette définition juridique de l’Open Source est dérivée du DFSG auquel a été enlevé, principalement, toute mention du mot “Debian”. Autrement dit, c’est un “fork” - en francais, un “dérivé”… les informaticiens apprécieront… !
le DFSG est le principe directoire du contrat social de la communauté Debian

Le projet GNU/Linux, dans son ensemble à la fois GNU et Linux, étant donné qu’il est couvert historiquement par la licence GNU/GPL, peut ainsi être considéré comme étant à code ouvert… soit !

Néanmoins, la FSF, ayant la paternité, si l’on peut s’exprimer ainsi, continue d’affirmer que le projet GNU/Linux est un projet “Free Software” - Logiciel Libre.

Pour bien le comprendre, il faut absolument lire ces articles - en anglais - qui détaillent les propos de RMS, position de la FSF :

Ce qui est sûr, c’est qu’étymologiquement, il y a une distinction entre “ouvert” et “libre”. Cette distinction existe aussi juridiquement. Il est possible de ne pas les voir… mais ne pas les comprendre a forcément un impact sur la “vision” quant au rapport aux logiciels… le choix “politique” est éclairé ou subi ; mais au-delà de la dimension socio-politique, c’est la philosophie d’un choix, juridique d’abord, puis d’un acte libérateur, qui se doit d’être compris, puis exécuté !

FOSS / FLOSS

FOSS est l’acronyme, l’abréviation, de “Free and Open Source Software” - en français : “Logiciel Libre et à Code Ouvert”.
Il est parfois possible de le voir écrit “F/OSS” ; c’est exactement pareil !

FLOSS signifie quant à lui “Free, Libre and Open Source Software”, ce qui en français signifie aussi “Logiciel Libre et à Code Ouvert”.

Ces deux termes ne définissent strictement rien, juridiquement parlant !

Il est intéressant de lire que l’autorité pour désigner les licences juridiques compatibles n’est autre que… l’OSI - lire le chapitre “Certification Body".

De là, à se demander, se poser la question suivante “Ne serait-ce pas une autre manière détournée de s’approprier les faits et les juridiques ?”, en effet la question se pose vraiment surtout à la lecture du consensus recherché, démontrait ci-dessous.

Mais, alors, pourquoi parler de FOSS / FLOSS ?

En fait, ces deux termes sont un peu le pendant bancaire suisse… ou la croix rouge humanitaire… des logiciels.

C’est une tentative (désespérée ? positive ?) de réunir les deux définitions que sont le Logiciel Libre et le logiciel Open Source, sous un même label, sans prendre position pour l’une ou pour l’autre.

Si vous êtes, si vous faites, du “politiquement correct”, c’est l’expression à utiliser !
C’est en soit aussi une prise de position (correcte ?) qui signifie à l’autre ce que vous en pensez, comment vous vous situez…

Il faut bien comprendre que l’usage de ces termes impliquent un flou idéologique, un flou historique séparant la technicité du développement de son contexte juridique, détruisant ainsi le propos du désaccord entre ces deux “politiques” différentielles.

Comme le dit RMS, l’utilisation de ces termes, - et encore selon lui, il faudrait préférer FLOSS à FOSS - est à réserver pour en parler globalement, de manière neutre… mais il faut absolument bien comprendre leur impact !

Conclusion

Il y a, au moins, trois manières de voir le positionnement de Linux :

  • au-travers de l’optique historique, rattachant ces deux projets que sont GNU et Linux pour n’en faire qu’UN, ce qui en fait, de fait, un “Logiciel Libre”,
  • au-travers de l’optique juridique, le projet GNU/Linux est un Logiciel Libre, défendant avant tout les 4 Libertés juridiques, sous lesquelles, il est placé volontairement par Linus Torvalds à la demande de RMS.
  • au-travers de l’optique éthique, et là, trois autres possibilités, totalement différentes sont possibles pour en résumer le sens :
    • Linux se place totalement dans le contexte philosophique et socio-politique du Concept de la Liberté, l’Attachement à certaines valeurs humaines, une forme de Religion de l’humain… c’est donc un Logiciel Libre
    • Linux n’est que le fruit d’un aspect technique et pratique d’un développement ouvert et collaboratif. Cela reste une aventure humaine, mais ce sont les valeurs techniques qui priment… l’injustice envers l’utilisateur n’a pas de sens, et en ce sens, Linux est un logiciel à Code Ouvert
    • Linux est un peu de tout cela… mais ce qui compte, ce n’est pas de l’enfermer juridiquement mais bel et bien la pratique (réductrice ?) d’une dénomination - le reste, on s’en contrefiche - donc, Linux est un FLOSS.

Si l’on veut, si l’on tient à “rendre à César…”, le terme “Logiciel Libre” est à employer, à minima, pour parler du mouvement historique datant du début des années 1980, là où s’insère pleinement les projets GNU, puis Linux, et enfin GNU/Linux.


Fort intéressant est de le voir avec les propres yeux de son créateur, Linus Torvalds : S’il est attaché à la notion du Logiciel Libre, et plus particulièrement à la GNU/GPL, il n’essaie pas de construire un “monde meilleur”, au sens où le conceptualise RMS.

Dans son interview, donnée en 1997, nommée “Le pragmatisme du Logiciel Libre”, ses affinités “Logiciel Libre” sont claires… mais l’Open Source n’est pas à dénier.

Se définissant comme un pragmatique (à toute épreuve !?), il ne serait pas étonnant de se rendre compte, de réaliser que si Linux avait existé début des années 2000, il aurait pu n’être qu’un logiciel à Code Ouvert.
(Attention, Linus n’a jamais tenu de tels propos. C’est un questionnement personnel, pertinent, qui a son sens, au vu de son interview…).

En effet, Linus ne renie en rien la dimension commerciale - dimension possible avec le Logiciel Libre -, voire propriétaire - impossible avec le Logiciel Libre, mais communément acceptée dans l’Open Source - j’y vois un étroit rapport avec les licences 5, et 6… sur le fait de ne pas être discriminant… je peux me tromper !

Pour Linus, cela a son intérêt !

RMS, quant à lui, est très tranchant, quant à ce propos : Linux peut être commercial… il ne doit pas être “propriétaire”, ou “privatif” !

Les mots de la fin !?

Comme le dit Linus T., lui-même :

(…) je préfère de loin le logiciel libre (…) Dans un certain sens, je fais donc une promotion active du logiciel libre, et des logiciels couverts par la GPL en particulier (car je sais qu’un logiciel couvert par la GPL restera libre, aussi ne dois-je pas m’inquiéter du sort des prochaines versions).

Cependant, cela ne signifie pas que je suis opposé au logiciel commercial (…)

Il est vrai que les produits commerciaux et privatifs des sociétés comme Microsoft, et Apple se sont sérieusement améliorés depuis l’inclusion de briques logicielles Open Source… c’est un fait… inaliénable (malheureusement ?! - n’aurait-il pas mieux valu qu’ils périclitent au-profit de logiciels libres tout aussi performants, voire plus ou mieux performants - la question a aussi son sens, pertinent… même si elle est hors de propos, dans le contexte de cet article)

Personnellement, le sens de l’éthique a une valeur forte… le sens de l’histoire du logiciel aussi, et si le projet Linux a un tant soit peu de sens communautaire “Open Source”, voire peut-être en tant que FLOSS, lui enlever sa dimension historique, culturelle, voire éthique n’en aurait aucun sens !

Linux est avant tout un Logiciel Libre… et le restera… après, tout n’est-ce pas ce qui importe ?! 😏

Sans oublier que ce n’est qu’un des projets GNU Operating System ! 😎


EsteBaN H.